Traversées (Palestine)

Du 9 au 30 août 2013, Rodéo d’âme a mené une résidence artistique dans le camp de réfugiés d’Aïda, en Palestine, afin de permettre  un échange enrichissant et créatif. Revivez notre action sur notre Tumblr, et découvrez dès à présent le livre Frères ennemis et le film réalisé lors de cette belle aventure humaine.



Traversées, images et son : Marine Froeliger & Jérémie Reuiller.
Réalisé par Baptiste Cogitore.
©Rodéo d’âme 2013.
29 minutes.

Lors de la résidence artistique Traversées, Rodéo d’âme a organisé dans le camp de réfugiés d’Aïda :

  • Des ateliers de découverte artistiques (photographie, éveil corporel, jeu théâtral, illustration…) menés par des artistes de France auprès des réfugiés du camp.
  • La création de la pièce de théâtre écrite par Claire Audhuy, Frères ennemis, jouée en Palestine, par les réfugiés d’Aïda, accompagnés par notre équipe artistique.
  • Le tournage du film documentaire par Jérémie Reuiller et Marine Froeliger, réalisé par Baptiste Cogitore.
  • La création d’une fanzinothèque sur place, assurée par Marine Froeliger.

La création de la fanzinothèque

La fanzinothèque a été inaugurée mardi 27 août à 17 heures en présence des équipes d’Al Rowwad et de Rodéo d’âme ainsi que des familles du camp. Enfants comme adultes jouent des coudes pour attraper un ouvrage, se retirent pour le feuilleter, le commentant avec un ami ou un voisin, puis doivent à nouveau se frayer un chemin pour reposer le livre et en reprendre un autre. Les fanzines quittent rapidement les étagères, passent de mains en mains, font l’objet de lectures concentrées, de fous rires, de discussions légères ou d’analyses plus poussées. La fanzinothèque, dépendant de l’actuelle bibliothèque d’Al Rowwad, compte plus de 150 ouvrages. Sur le mur principal, nous y avons peint une phrase qui fait écho à la pièce de théâtre Frères ennemis, mais qui en prend le parfait contre-pied : Fiction has a place here. Avec la création de ce fonds, nous souhaitions proposer aux réfugiés, quels que soient leur âge, un espace de rêve, d’évasion, de découverte et de lecture. Pour cela, Claudia a cousu des couvre-lits ludiques et colorés, posés sur les canapés de la salle de lecture.

La création de la pièce Frères ennemis

Cette pièce a été écrite suite à un voyage en Palestine et en Israël en 2012. Elle est nourrie de rencontres fortes avec Ayal, ancien soldat de Tsahal, qui participe à Breaking the Silence et qui raconte les exactions qu’il a du commettre au nom d’Israël, avec Adnar du Théâtre de la Liberté dans le camp de réfugiés de Jénine, de déclarations du candidat à la présidentielle, Mister America, et de l’élection officielle de Miss Holocaust qui se déroula fin juin 2012 en Israël et qui désigna une grande gagnante parmi les 300 rescapés de la Shoah qui s’étaient présentées. Pour le King David Show, l’autrice s’est appuyée sur le travail de la réalisatrice Yolande Zauberman Would you have sex with an Arab?, un documentaire cherchant à interpeller du côté israélien et palestinien. Parmi les interviewés, Juliano Mer-Khamis, directeur du Théâtre de la Libérté de Jénine, prend la parole et déclare “baiser des deux côtés du mur, qu’importe la carte d’identité.”

Le film Traversées

Le documentaire Traversées, tourné par Jérémie Reuiller et Marine Froeliger, réalisé par Baptiste Cogitore raconte la création de la pièce Frères ennemis autour d’interviews de comédiens palestiniens et d’habitants du camp, baignant dans le ressentiment, la violence et la “résistance à l’occupation” depuis soixante-dix ans. Il présente à la fois la création théâtrale et des portraits de jeunes Palestiniens. Quelle place peut occuper le théâtre dans un tel contexte ? Quels enjeux apparaissent sur scène, entre le plateau et le public ? Comment prêter sa voix à l’occupant, au frère ennemi ?

Edition

Le livre Frères ennemis propose le texte de la pièce documentaire en version bilingue (français et arabe littéraire) ainsi qu’un reportage photographique retraçant toute cette aventure humaine, des répétitions à la représentation de la pièce. Ce livre présente aussi des extraits de témoignages de réfugiés et permet d’appréhender la question de la place du théâtre et de l’art dans une situation de crise comme celle-ci. La création artistique permet de dialoguer dans ce contexte tendu où chacun est de son côté du mur de séparation, et représente une alternative à la violence. Le livre permet de partager la volonté de ne pas céder à la violence, car, comme le dit le pacifiste Abdelfattah Abusrour, directeur du centre culturel d’Al Rowwad : “même en défendant une cause juste, si l’on pratique la violence, on perd son humanité”. Il a donc choisi de créer ce centre pour permettre aux autres réfugiés de trouver une alternative à la haine et à la surenchère de violence dans ce conflit.